Famille et amis de feu Abib DIA |
Chers
récipiendaires !
Je
suis très honoré et paradoxalement je suis très troublé, compte tenu de ma
proximité avec l’homme tant au plan familial, au plan culturel qu’au plan
social. J’ai du mal à choisir un angle d’attaque pour parler d’un frère, d’un
ami, d’un cousin, d’un partenaire mais
aussi d’un complice.
Abib
DIA est une personnalité multidimensionnelle qui est connue sur le plan local
et national. Il est respecté pour tout ce qu’il a entrepris dans sa carrière d’éducateur,
dans sa carrière de chercheur et dans sa carrière de conservateur du patrimoine
culturel par tous ses manuscrits allant de la poésie au théâtre.
Insatiable,
Abib a vécu intensément sa passion pour l’éducation et dans une parfaite
complémentarité sa passion pour l’art, la littérature et le théâtre qui ont été
pour lui cette autre salle de classe, délestée de sa rigueur scientifique et
déontologique, où il pouvait laisser libre cours à son imagination fertile et
son intelligence largement au dessus de la moyenne.
Chers
récipiendaires de la promotion Abib DIA,
Je
sais pourtant, en toute humilité, que je ne saurais apporter aucun témoignage
sur certaines dimensions de l’homme comme son action politique dans le Sine, tout
comme je ne saurais témoigner sur sa très riche carrière d’enseignant. D’autres
voix plus autorisées le font déjà et le feront encore.
Aujourd’hui,
je me réclame ami fidèle et ami sincère de Abib Dia. Je pourrais écrire un livre pour parler de son
legs pour cet exercice de témoignage auquel vous me conviez. Je m’en garderais
même si je dois vous rappeler que je suis fondé à croire que notre amitié est
d’abord un acte de foi, un moment de communion.
J’aurais
aimé qu’il soit encore avec nous pour finaliser la réflexion qu’il avait entamée
sur des thèmes aussi variés que la Vie, l’Amour, la Beauté, la Solidarité. La
Foi, le Mouridisme car pour lui, une même spiritualité, base d’un humanisme
partagé, lie intimement les hommes.
Abib
DIA avait le talent d’écriture et de parole dans une tradition de culture
Seereer authentique et conservatrice qui ne se livre pas facilement au premier
venu. Oui, DIA Abib était Sérère ou si vous préférez un Pulaar évolué n’en
déplaise à ceux là qui résistent encore à notre mission émancipatrice
Aujourd’hui,
15 Juillet 2012, voudrais-je aussi, apporter un témoignage appuyé sur
l’engagement de Feu Abib DIA pour sa profession
mais aussi pour sa patrie.
Cet engagement on l’a retrouve dans les nombreuses épreuves qui ont jalonnées sa vie sans jamais ébranler ses convictions.
- Du
cours d’initiation au cours moyen élémentaire, Abib était talibé dans un
Daara dans toute sa rigueur traditionnelle. Stoïque il a allié études
coraniques et cursus scolaire. Brillant, il a gravi avec succès tous les
échelons des cycles primaire et secondaire. Devenu instituteur il
deviendra plus tard Inspecteur Adjoint et Inspecteur de l’Enseignement. Quelle
belle trajectoire professionnelle
- Affecté
à Ziguinchor dans cette région du Sénégal, meurtrie et exsangue, suite à
un conflit qui perdure plus d’une trentaine d’années, Abib DIA a
survécu à un tir d’une roquette qui
a traversé, de part en part, sa voiture de fonction sur la route Oussouye
Ziguinchor suite à un braquage. Aussitôt après avoir informé les autorités
pour l’organisation des secours Abib m’appelle sur mon portable pour
m’informer tout en dédramatisant la situation par cette phrase « BAKAA… XONIIM DE...
XONIIM » qui signifie en sérère BAKA (il m’appelait ainsi depuis le
CE1) je ne suis pas mort…je ne suis pas mort»
- Quelques
mois plus tard Abib, à son domicile à Oussouye où il officiait comme
Inspecteur Départemental, avait reçu une lettre de menaces de mort signée
par des éléments supposés appartenir au MFDC. Une lettre de menace de
mort ? Voilà une Occasion rêvée pour quitter définitivement cette
zone en conflit. Que Non ! Hélas !, comme pour braver encore une
fois la mort en service commandé, Abib se bat, seul contre tous pour
retrouver son poste à Oussouye.
Il
finira par abdiquer pour accepter son affectation parmi les siens à
Fatick mais aussi pour s’adonner à son exercice favori. De manière constante, Abib DIA a toujours appuyé
des actions de proximité, particulièrement celles menées par les Organisations
et Associations locales, au cœur du mouvement scolaire, social et populaire
aptes à apporter des réponses concrètes aux préoccupations des populations.
Abib
DIA savait parler en parabole et il
utilisait souvent un langage d’artiste. Quelques semaines avant son RETOUR à
Ndjilassème, ce village qui l’a vu naitre, il conviait la bande de copains,
d’amis d’enfance ; à se retrouver chez lui pour revivre ces moments
exaltants empreints de bonheur incommensurable. Incognito, Abib est retourné
sur la pointe des pieds pour un Sommeil éternel, quelques jours plus tard et la
bande de copains s’est retrouvé chez le RASSEMBLEUR, chez l’ARTISTE qui, encore
une fois, vient de jouer un dernier tour à ceux qui l’ont toujours aimé.
Et
voilà la dernière image que je garde de lui et c’est pourquoi aujourd’hui, loin
de pleurer la mort de Abib DIA, avec vous, je vais vous inviter à célébrer sa
vie sur le chemin du PARADIS et je vais vous inviter à enfiler la tenue, certes
trop ample pour nous, du chercheur éducateur que nous avons tous l’obligation
de perpétuer car il nous a laissé des messages et il nous a tracé la voie.
QUE
DIEU BENISSE VOTRE CARRIERE PROFESSIONNELLE
MERCI
DE VOTRE AIMABLE ATTENTION
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